Plante exotique envahissante, la Jussie rampante gagne du terrain dans le Perche eurélien. Le Parc agit pour limiter au maximum sa dispersion.

Les agents du Parc naturel régional du Perche ont découvert la présence d’une plante exotique envahissante : la Jussie rampante (Ludwigia peploides). C’est la première fois qu’elle est détectée sur le territoire du Parc de façon aussi développée.

Originaire d’Amérique du Sud et introduite en Europe au début du XIXème siècle comme plante d’ornement pour les aquariums et les bassins, la Jussie rampante gagne du terrain dans les plans et cours d’eau européens. En France, elle est surtout présente en région méditerranéenne et dans le Sud-Ouest, mais est également fréquente le long de la façade atlantique et en extension sur la Loire et dans le Nord. Au tour du Perche désormais d’entamer la lutte contre cette espèce exotique envahissante, observée sur un étang du Perche eurélien par les agents du Parc lors de récentes prospections naturalistes.

Un développement rapide

Cette plante à fleurs jaunes très visibles se développe sous forme d’herbiers aquatiques très denses et parfois presque impénétrables, immergés ou émergés, en produisant des tapis de tiges plus ou moins rigides pouvant atteindre plusieurs mètres de long. Elle apprécie les eaux très ensoleillées, stagnantes ou à faible courants (mares, étangs jusqu’à 3 mètres de profondeur, chenaux, fossés, cours d’eau à faible débit estival, etc.) et peut aussi coloniser les milieux terrestres comme les prairies humides. « Ces herbiers échappent rapidement à tout contrôle et sont capables de coloniser puis d’envahir complètement les milieux naturels humides, c’est pourquoi il faut agir rapidement », alerte Nina De Backer, chargée de mission patrimoine naturel au Parc.

Pourquoi lutter ?

Inscrite sur la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union européenne, la Jussie rampante possède une grande capacité de croissance et provoque de nombreux problèmes sur les milieux naturels. En monopolisant l’espace et la lumière en surface, les herbiers de jussie entrent en compétition avec la flore naturellement présente et prennent rapidement le dessus, faisant diminuer la diversité d’espèces locales. Lorsqu’une surface est entièrement colonisée, le tapis formé par la plante limite la diffusion de l’oxygène de l’air : le milieu est asphyxié et menace la faune qui y habite. En hiver, la plante dépérit et finit par envaser le milieu… pour mieux revenir au printemps.
La prolifération de la jussie occasionne également une gêne pour la pratique de certaines activités, notamment la pêche, la chasse et les sports nautiques. Lorsque les foyers sont importants, ils peuvent occasionner ou amplifier des phénomènes d’inondation en amont. « Cela engendre des coûts d’entretien non négligeables pour les collectivités ou propriétaires », ajoute Nina De Backer.

Que faire si j’observe la présence de Jussie rampante ?

Si vous observez cette plante, prévenez l’une des structures référentes selon votre département. Si vous êtes propriétaires, elles vous aideront à faire le bon choix de gestion :

Quelques précautions pour les propriétaires

Prudence lors de l’arrachage ! Le moindre petit fragment de tige, dès lors qu’il est en contact avec l’eau et exposé à la lumière, peut reprendre racine et former un nouveau plant vigoureux qui peut doubler de taille en 15 jours. Suivez ces quelques recommandations afin d’éviter de disperser la plante :
 
  • S’assurer d’avoir bien identifié la plante comme étant de la Jussie rampante (et non sa cousine locale la Ludwigie des marais (Ludwigia palustris))
  • Contacter impérativement l’une des structures référentes citées plus haut pour définir un mode de gestion adapté
  • Agir rapidement
  • Bien nettoyer ses outils, bottes ou machines après intervention
  • Protéger avec un filet autour de la zone d’arrachage
  • Faire attention à ne pas laisser de boutures flottantes
  • Être vigilant lors du transport vers le lieu de stockage pour ne pas disperser de boutures
  • Ne pas stocker les plantes arrachées près d’une zone humide
Pour les grandes surfaces, un arrachage voire un décapage par pelle mécanique peut s’avérer nécessaire, suivi d’un arrachage manuel obligatoire afin de bien enlever toutes les boutures arrachées lors de l’intervention.
 
CONTACT > Nina DE BACKER, chargée de mission Patrimoine naturel
nina.de.backer@parc-naturel-perche.fr • ​02 33 85 36 36