
Au sud-ouest de St-Hilaire-le-Châtel, de part et d’autre de la N12, se trouve un site très particulier. Si particulier qu’il a été classé site Natura 2000 sous le nom de "Bois et Coteaux à l’Ouest de Mortagne-au-Perche". Le Parc naturel régional du Perche est animateur de cet espace de 36 hectares, répartis en 4 secteurs de boisements, prairies et pelouses calcicoles qu’il étudie et contribue à préserver.
"Le Parc a parmi ses missions essentielles l’amélioration de la connaissance de ses patrimoines, leur préservation et leur mise en valeur. C’est à quoi il s’emploie dans les 7 sites Natura 2000 qu’il anime sur son territoire, dont celui-ci, situé à cheval sur St-Hilaire et Courgeoût", explique Emmanuel Douillard, chargé d’études au Parc. Sa spécialité : la phytosociologie, c’est-à-dire l’étude des communautés végétales et leur relation avec le milieu.
Il contribue ainsi à mettre à jour la cartographie de ces habitats, dont la précédente datait de 2008. "La quasi-totalité du site a pu être parcourue grâce à l’accord de la très grande majorité des 21 propriétaires. Nous avons désormais un meilleur suivi de l’état de conservation des milieux. Les boisements calcicoles sont largement dominants. Il s’agit de Chênaies-Hêtraies riches en orchidées comme l’Orchis pourpre, la Listère à feuilles ovales…"
Plus originale et digne d’un intérêt au niveau européen, la formation ici d’une roche sédimentaire calcaire autour d’organismes vivants : le travertin ou tuf calcaire. "Des sources pétrifiantes situées à flanc de coteau emprisonnent les débris végétaux et les mousses qui se décomposent, ne laissant au fil du temps que la roche poreuse", commente Emmanuel Douillard.
Autre habitat devenu rare à l’échelle du Parc, les pelouses calcaires subsistent encore çà et là sur le site. "Leur surface a été fortement réduite du fait de l’abandon des pratiques de gestion, la fauche et le pâturage. De ce fait, le Genévrier commun, dont les baies servaient autrefois à nettoyer les cuves à cidre, a quasiment disparu et, avec lui, d’autres espèces emblématiques comme l’Anémone pulsatille."
Fort de ce constat, le Parc va pouvoir apporter des préconisations et engager, avec les propriétaires volontaires, des travaux de restauration et de gestion de ces pelouses calcaires. C’est là encore Natura 2000 qui va permettre la signature de contrats, grâce à des financements de l’Etat et de l’Europe. "Cette démarche européenne permet de préserver la biodiversité, qu’il s’agisse d’habitats naturels, d’espèces animales ou végétales ainsi que les habitats abritant ces espèces, tout en conciliant l’activité humaine", précise le phytosociologue.
Pour aller plus loin
Consultez le dépliant des Milieux et espèces emblématiques du Perche consacré aux coteaux calcaires :