
Le bocage fait l’objet de toutes les attentions du Parc naturel régional du Perche. Aussi, dans un contexte où les aides à la plantation de haies diminuent, il faut trouver de nouveaux moyens de reconquête, parfois simples et étonnants comme la régénération naturelle. Mais il ne suffit pas de "laisser faire la nature" comme l’a montré une journée de découverte de ce procédé qui a attiré une vingtaine de participants.
"Le Parc est dans son rôle d’expérimentateur en allant chercher ailleurs des techniques et en les adaptant à son territoire. En l’occurrence, nous avons demandé à Julien Vidal, du Syndicat Mixte du Bassin versant du Trévelo en Bretagne, de venir nous présenter la démarche initiée chez eux depuis 2012", explique Jérémie Guy, animateur Trame Verte et Bleue. "Nous sommes également accompagnés de Franck Viel, de l’association Passages, pour une visite de terrain."
"Dans le bassin du Trévelo, nous étions face à plusieurs problèmes : concentrations en nitrates élevées, bocage dégradé, réseau hydrographique dense, densité de culture élevée… La préservation et l’amélioration du bocage sont apparues comme des priorités, avec la régénération naturelle comme moyen", ajoute Julien Vidal. "Il s’agit de laisser la nature reprendre ses droits sur une bande d’une largeur suffisante pour que s’installe une végétation semi-ligneuse, d’où émergeront les arbres, au bout de quelques mois ou années selon les conditions locales."
Outre l’absence de travail préparatoire du sol et la gratuité du procédé, les arbres nés de semenciers proches seront mieux adaptés, donc plus résistants. Les ronciers protègeront quant à eux les jeunes arbres du gibier. "Cela nécessite tout de même un entretien latéral dans les premiers temps, mais qui est tout à fait envisageable en bordure de voirie où le passage d’un lamier se fait déjà. Il faut aussi la présence de semenciers à proximité, sinon on peut semer ou compléter la diversité de la haie par quelques plantations", poursuit le technicien.
L’obstacle majeur au procédé reste l’idée préconçue selon laquelle un roncier "ça ne fait pas propre"… "Il faut une sensibilisation, les nombreux avantages de la haie sont encore méconnus : la biodiversité qu’abrite une haie est une aide pour la lutte biologique favorable à l’agriculture", souligne de son côté Franck Viel. "Elles favorisent l’infiltration des eaux, la lutte contre l’érosion des sols, protègent les cultures des coups de vent et sont une source potentielle de revenus complémentaires." Plusieurs exemples découverts dans le domaine de la Maison du Parc ont achevé de convaincre les participants, agriculteurs, particuliers ou élus locaux.